Innocenzo Manzetti
Innocenzo Manzetti

Museo Manzetti

1987-2023

36 anni di attività

sede associazione:

 

Viale Federico Chabod, 62


11100 Aosta (Valle d'Aosta)

 

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Innocenzo Manzetti

Le véritable inventeur du téléphone

Lorsqu’on lui demande qui a inventé le téléphone, n’importe quel Italien répondrait aujourd’hui sans hésitation : Antonio Meucci. De nos jours, cette question n’a plus aucun enjeu économique ni aucun intérêt pour un quelconque héritier. Il s’agit donc d’un débat limité à l’aspect culturel et scientifique. Mais c’est justement pour cela qu’il est nécessaire de rendre justice à celui qui a vraiment inventé l’appareil qui a le plus modifié les habitudes de l’homme ces derniers siècles : Innocenzo Manzetti d’Aoste.

Qu’il ait été le premier véritable inventeur du téléphone, on le revendique depuis toujours dans sa terre natale qu’est la Vallée d’Aoste. Ces dernières années, les recherches approfondies de deux chercheurs valdotains, Mauro Caniggia Nicolotti et Luca Poggianti, ont contribué à mettre un peu d’ordre dans cette histoire embrouillée, en mettant en lumière des documents qui prouvent de manière certaine la priorité de Manzetti dans cette invention.  

Synthétisons les principales motivations pour lesquelles Innocenzo Manzetti doit être considéré comme étant le premier véritable inventeur du téléphone.

 

Les témoignages journalistiques 

Les journaux de 1865 sont essentiels. Jamais jusqu’alors n’avait été annoncée la possibilité concrète de transmettre le son de la voix à distance  au moyen de l’électricité, ni la réalisation pratique d’un appareil apte à rendre cela possible. Et la première fois que la presse parla de cette découverte et de son expérimentation pratique, ce fut pour l’invention de Manzetti.  Nouvelle  qui, par ailleurs, ne resta pas enfermée dans les montagnes valdotaines, mais qui résonna dans les chroniques du monde entier. Il ne pouvait donc pas s’agir d’une méprise de Manzetti ou d’une pieuse illusion de sa part ou de la part de ses amis…

 

La reconnaissance de Meucci

Citons également la reconnaissance implicite de Meucci lui-même qui, pendant l’été 1865, apprit la nouvelle du téléphone de Manzetti  et écrivit : « Je ne peux pas nier l’invention de M. Manzetti (…) et en unissant les deux idées, on pourrait plus facilement arriver à la certitude d’une chose aussi importante. » Cela signifie  essentiellement deux choses :

 a) Alors que la nouvelle de Manzetti avait déjà franchi l’océan, Meucci était encore absorbé par ses propres expérimentations ( et en effet, la première « sortie officielle » de son téléphone date de décembre 1871, six ans plus tard !). Par ailleurs, la description que Meucci fit en 1865 de son prototype le révéla qualitativement inférieur à celui de son compatriote d’Aoste.  

b) Meucci n’avait probablement pas encore concrétisé son idée, s’il profite de l’occasion pour adresser une sorte d’invitation à  Manzetti  afin d’unir les deux idées pour arriver « à la certitude d’une «chose aussi importante ». Mais à cette époque, le Valdotain avait déjà fourni la démonstration publique du fonctionnement de son téléphone. Il n’était donc pas nécessaire pour lui d’unir ses idées à celles d’un autre, parce qu’il y était déjà arrivé tout seul… « à la certitude d’une chose aussi importante ».

 

La mort prématurée de Manzetti et l’impuissance de ses héritiers.

Manzetti mourut un an seulement après le brevet de Bell, laissant sa famille dans un état de pauvreté non négligeable, avec deux filles qui moururent en bas âge.  En ces temps, la Vallée d’Aoste était  loin d’être une terre riche et hospitalière et ses habitants avaient bien d’autres problèmes que celui de s’intéresser à l’éventuelle retombée économique du téléphone.

Manzetti n’eut donc le temps matériel ni de se rendre compte de l’énorme implication économique que son invention aurait pu procurer, ni évidemment d’avancer une quelconque revendication vis-à-vis de l’empire américain que Bell était en train de créer ces années-là. Et ses héritiers, eux aussi très pauvres, ne purent faire beaucoup plus ; au contraire, la seule chose qu’ils décidèrent d’entreprendre, en cédant tout à l’Américain Eldred, fut la cause réelle qui  relégua dans l’oubli le nom de Manzetti.

 

Le téléphone Manzetti-Nigra

Le téléphone de Manzetti ne doit pas être considéré comme une réalité virtuelle qui vécut seulement dans les pages des journaux de l’époque et dans les histoires passionnées de certains témoins. L’appareil de l’inventeur valdotain fut en effet réalisé concrètement et utilisé aussi dans notre pays. En effet, depuis 1884 déjà, un téléphone était construit d’après les projets de Manzetti, par le « Stabilimento Meccanico di Applicazioni Elettriche G. Nigra ». Le modèle, qui reçut de nombreux prix aux Expositions Universelles, était réalisé à Ferrare (160 abonnés), Pavie, Alexandrie, Turin (la commune l’utilisa dans les services des pompiers et de la police, à 80 postes) et dans de nombreuses localités plus petites (Collegno, Fossano…). On peut donc en déduire que Manzetti n’avait pas seulement créé un prototype, mais un véritable téléphone électrique qui fonctionnait .

 

L’escroquerie de l’Américain Eldred

L’affaire Eldred, dont les vrais enjeux commencent seulement à apparaitre clairement  aujourd’hui, à presque 140 ans de cette histoire, est éclairante. Cet Américain qui réussit à arracher tous les projets, dessins, modèles et surtout les droits exclusifs du téléphone Manzetti en échange d’une énorme somme d’argent promise mais jamais payée, est celui qui breveta le téléphone du Valdotain. Les descriptions du brevet d’Eldred, enregistré de manière à ne pas créer de soupçon à son retour d’Aoste, apparaissent totalement semblables à celles qui avaient été faites du téléphone Manzetti en 1865. Et les affaires qui s’en suivirent ne laissent aucun doute. En effet, le nom du Valdotain et ses mérites indiscutables dans l’invention, auraient pu venir à la lumière si un procureur influent de Washington comme Tanner s’était bougé afin de faire reconnaitre le Valdotain, aux Etats-Unis aussi , comme véritable inventeur du téléphone. Initiatives qui malheureusement n’aboutirent pas.

De ce côté-ci de l’océan, personne désormais  n’avait  la possibilité de continuer une bataille à l’issue plus que jamais incertaine, surtout d’un point de vue économique. Manzetti était mort depuis plusieurs années (sans laisser de fils et avec des filles mortes en bas âge), sa femme et ses frères avaient des problèmes économiques de subsistance et ne pouvaient certainement pas espérer lutter contre des colosses financiers américains inconnus. L’ami Bérard, enfin, était très vieux et serait décédé en 1889.

Par contre, en Amérique, toutes les batailles judiciaires lancées contre l’empire économique de Bell firent des victimes, dont Antonio Meucci.  Comment aurait pu émerger alors le nom d’un Manzetti inconnu, dépourvu d’un réel soutien ? Et désormais sans aucun intérêt  économique ? Un jugement contraire aux droits de Bell de la part d’un tribunal américain aurait signifié une débâcle économique  de ses compagnies, avec des conséquences énormes aussi d’un point de vue social. Qui aurait pris une telle responsabilité seulement par amour de la vérité scientifique ?

 

Les préférences pro-Meucci de l’historiographie officielle.

Dans l’Histoire italienne, le nom de Manzetti est toujours passé en second plan par rapport à celui de Meucci.  En effet, celui-ci, Florentin, avait émigré à l’étranger pour des raisons politiques, était un ami de Garibaldi et, dans ces premières années de l’unité italienne,  incarnait à la perfection l’image romantique du pauvre patriote italien obligé de se réfugier à l’étranger à cause des événements précédant l’unification. Un inventeur génial, forcé d’émigrer en Amérique, trompé par les puissants intérêts économiques des Etats-Unis, et à cause de cela, mort dans la pauvreté, représente évidemment une figure beaucoup plus suggestive et  défendable.

Manzetti, lui, habitait par contre une région périphérique de langue française (idiome dans lequel s’exprimait d’ailleurs l’inventeur valdotain) définie à cette époque comme un mauvais exemple pour l’Etat italien naissant. Mais surtout, Manzetti était très proche des milieux catholiques (ses plus fervents défenseurs provenaient des milieux de l’Eglise) et tout le monde sait que dans ces années d’opposition enflammée entre l’Etat et l’Eglise, les rapports entre le monde catholique et le monde libéral étaient tout autre qu’idylliques.

A première vue, ces raisons peuvent apparaitre insignifiantes, incapables de voiler les réels mérites de Manzetti. Mais à  bien regarder, ce sont bien ces raisons qui ont donné à l’historiographie  une direction totalement favorable à Meucci, soutenu ensuite au XXème siècle par la forte communauté italienne présente aux Etats-unis.  Au cours de l’Histoire, seules quelques voix, quand bien même influentes, se sont levées en faveur de Manzetti.

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Toutes les motivations présentées ci-dessus, unies aux voix qui, au cours de l’Histoire, se sont levées pour la défense de la priorité de l’invention de Manzetti, nous convainquent que c’est désormais le moment de rétablir la vérité des faits, en restituant à ce génie italien les justes honneurs qu’il a mérités.

 

Traduction de Bénédicte Delvaux


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